Art péruvien

Les différents styles de peinture au Pérou suivent l’évolution de l’histoire du pays.

 

Ruptures et métissages de la colonisation

Notre dame de Bethléem, école cuzquénienne XVIIe, musée de la cathédrale de Lima

L’art précolombien trouve son expression principale dans la céramique, ainsi que la sculpture sur pierre, l’orfèvrerie, l’architecture et le textile. La plupart des ces œuvres sont ornées de motifs gravés ou peints, mais les premières manifestations de peinture sur toile sont des commandes des colons espagnols au XVIe siècle. En plus de cette rupture imposée dans les techniques artistiques, on assiste à un passage brusque du symbolisme traditionnel inca à une représentation plus réaliste du monde sous l’influence de la Renaissance européenne.

Du XVIe au XVIIIe siècle, les principaux commanditaires sont la cour du vice-roi et ses encomenderos qui gèrent l’exploitation économique des régions. On observe ainsi l’apparition d’écoles liées aux centres urbains et économiques. Des œuvres religieuses à visée évangélisatrice ont été réalisées à grande échelle à partir de la fin du XVIe siècle, commandées par un clergé riche, qui œuvrait à couvrir d’églises et de couvents tout le territoire. Preuve en est donnée à la lecture d’un contrat de l’époque qui fait mention de pas moins de 212 scènes religieuses demandées en quelques mois au peintre Garcia y Delgado. Pour faire face à cette demande massive, les peintres européens organisent rapidement de grands ateliers où ils enseignent leurs méthodes de création aux indigènes. L’originalité de ce courant pictural dit colonial réside dans le métissage auquel procèdent les artistes indigènes qui traduisent leurs propres traditions dans ce nouveau mode d’expression imposé.

 

L’école de Cuzco

Jose Olaya Balandra, martyr de l'indépendance, MAAHP de Lima

Le maître d’atelier qui inaugure le style dit cuzquénien est le Jésuite italien Bernardo Bitti, arrivé au Pérou en 1575. Il débute avec les commandes des nombreux cloîtres et églises de la capitale, comme membre de l’école de Lima, et revisite la tradition académique espagnole à la lumière de la Renaissance italienne, aux côtés de Mateo Pérez de Alesio  et Angelino Medoro. Luis de Riano, élève de ce dernier, a couvert de belles fresques murales toute l’église d’Andahuaylillas, depuis connue comme la chapelle Sixtine des Andes. Mais Bitti innove en introduisant le maniérisme alors en vogue en Europe, à l’occasion de la construction de la cathédrale de Cuzco en 1575. On reconnaît le style dit cuzquénien à une vision assez idéalisée des scènes représentées ; les visages allongés et les postures hiératiques des personnages se détachent sur des arrières plans très peu descriptifs, et toute l’attention est donnée aux détails des drapés très colorés, ponctués de petits motifs rehaussés à la feuille d’or selon la technique du brocateado. Ses deux chefs d’œuvres majeurs sont  la Vierge de la Candelaria et le Couronnement de la Vierge, tous deux conservés dans l’église San Pedro de Lima. À la mort de Bitti en 1610, son œuvre est poursuivie par son élève Diego de la Puente à Trujillo, Cuzco et Lima, où il a notamment réalisé la célèbre Cène du couvent de San Francisco.

Le véritable fondateur de l’école de Cuzco reste Diego Quispe Tito, un peintre métis qui enrichit le maniérisme de Bitti à partir de 1630 avec un soin particulier apporté au paysage ; ses décors minutieux mêlent une faune et une flore abondantes, stylisées, à des éléments inspirés des gravures flamandes. Il est l’auteur de vastes séries d’œuvres, comme les 12 moments de la Vie de Saint-Jean Baptiste, dans l’église San Sebastián à Cuzco, et les 9 signes du Zodiaque de la cathédrale de Cuzco. Basilio Santacruz se caractérise à la même époque par  ses vierges-montagnes de la cathédrale de Cuzco,  dont  la forme triangulaire massive évoque les collines sacrées dites Apus. Il a aussi peint en 1667 plusieurs vies de Saint François, pour le couvent du même nom à Cuzco, comme pour celui de Santiago du Chili en 24 tableaux. Diego de la Puente introduit quant à lui la figure de l’archange muni d’une arquebuse, reprise par la suite massivement dans toute l’école cuzquénienne. Selon une interprétation syncrétiste, on peut y voir la figure d’Illapa, dieu inca de l’éclair, de même que les auréoles évoquent les rayons du dieu soleil Inti. Autre chef d’œuvre de la Cathédrale de Cuzco, la célèbre Cène andine qui met à l’honneur un cuy et des fruits tropicaux ; elle est peinte autour de 1750 par Marcos Zapata, auteur prolifique des fresques du cloître de l’église de La Merced à Cuzco.

 

L’art républicain à l’indépendance péruvienne

Peinture costumbrista, Arequipa

Célébré comme le premier artiste de la jeune république péruvienne, José Gil de Castro est un métis qui s’est battu pour l’indépendance avant de se consacrer aux portraits des héros de cette épopée : Simón Bolívar, José de San Martín, Bernardo O’Higgins ou encore l’humble métis José Olaya. Son style reste toutefois proche de l’héritage colonial, dans l’allure assez rigide de ses modèles, drapés de vêtements richement décorés. Le début du XIXe siècle voit naître l’école costumbrista, notamment incarné par le créole Pancho Fierro dont les aquarelles dépeignent le pittoresque des quartiers populaires de Lima, parfois avec un trait cinglant qui le rapproche de la caricature. Ignacio Merino se nourrit à la même veine des légendes traditionnelles péruviennes, mais emploie un style plus romantique, directement inspiré par son maître Delacroix. Les artistes péruviens du début du XXe siècle sont toujours très poreux aux influences étrangères, et tandis que Daniel Hernández rapporte le style impressionniste de ses séjours en Europe, Carlos Baca Flor devient le portraitiste réaliste le plus en vogue auprès des dirigeants du monde entier.

 

Le courant indigéniste

Balseros del Titicaca, Vinatea Reinoso

Le courant littéraire indigéniste lancé par José Luis Valcarcel au début du XXe siècle est incarné en peinture par José Sabogal, considéré comme l’un des plus grands peintres péruviens. Son style original se reconnaît à ses couleurs vives déposées en pâte épaisse sur la toile, mais il s’inspire directement du travail de Mario Urteaga pour représenter dans un réalisme sans concession la vie quotidienne des communautés indigènes dans leur environnement naturel parfois hostile. Issu tout comme lui de Cajamarca, ce dernier est un autodidacte qui dédia sa vie à représenter les tâches ordinaires de la vie rurale andine des années 1930 à 1950, sans se faire l’ambassadeur de son art. Au contraire, Sabogal est celui qui diffuse ce courant indigéniste. Dans les années 1920 à 1950, il expose dans tout le continent, en même temps qu’il dirige l’école des Beaux Arts de Lima et milite à l’APRA, organe politique de gauche.

Autre peintre connu de la même école, Jorge Vineata Reynoso laisse de côté sa carrière de caricaturiste pour la peinture réaliste, après avoir été durablement marqué par sa visite de l’altiplano andin. On peut aussi citer Sérvulo Guttierez, un peintre qui a appliqué les ressources de l’expressionnisme, puis du fauvisme aux sujets traditionnels. Son chef d’œuvre intitulé Les Andes met en scène un grand nu angoissé dans un cadre montagneux, peut être symbole de sa nation.

 

La scène moderne et contemporaine péruvienne

Peinture de Victor Delfin

Au XXe siècle, Macedonio de la Torre donne la priorité au travail de la couleur, dans des toiles oniriques qui représentent une nature foisonnante, bien loin des canons indigénistes alors assez peu remis en question. Victor Humareda (1920 – 1986) est connu comme l’artiste maudit, qui passera sa vie à s’inspirer du milieu interlope de la nuit à Lima, en mêlant des prostituées et des ivrognes aux toréadors et aux tangueros.

Fernando de Szyzlo (1925) est l’un des premiers à utiliser les ressources de la peinture abstraite pour évoquer les traditions précolombiennes dans d’immenses toiles et sculptures. Après avoir puisé son inspiration auprès des cubistes et surréalistes européens, il s’attache à renouveler la façon de traiter l’identité culturelle péruvienne, en la traduisant dans un style pictural résolument moderne.

La scène contemporaine péruvienne a su se tailler une réputation internationale, avec des artistes comme Victor Delfín (1927) qui marquent le territoire urbain de Lima. Sa sculpture intitulée El Beso attire de nombreux visiteurs au parc de l’amour de Miraflores. Sa demeure est aujourd’hui un charmant hôtel où l’on peut admirer ses créations éclectiques qui revisitent le patrimoine culturel péruvien, des tapisseries inspirées des motifs colorés précolombiens aux retables en matériaux recyclés, en passant par les sculptures de totems indigènes ou les toiles de tenues traditionnelles.

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